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Lost - Critique de l'épisode 16 de la saison 3

One of Us: Juliet ? Stupide !

Par Ju, le 12 avril 2007
Par Ju
Publié le
12 avril 2007
Saison 3
Episode 16
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Ju de pErDUSA présente « Critik de Lost » ! Décryptez le dernier épisode de la série phénomène. A lire dans cette review : « Dr Ducon sur la Plage : le règne des Blaireaux », « Dossier : Pingpongocratie et Séries télé, le Pouvoir aux Cons », et « Juliet Burke, une blonde dans les coulisses de Les Autres  ».

Vous, je ne sais pas. Mais en ce qui me concerne, un sommaire pareil me donne drôlement envie de lire la suite. Ah, vous aussi ? C’est bien ce qu’il me semblait. Vous êtes, chers lecteurs, vraiment formidables. Vraiment. Vous êtes très intelligents.
Maintenant, c’est l’heure de boire votre jus d’orange.

Juliet ? Stupide !

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Juliet Burke, une blonde dans les coulisses de Les Autres

Après avoir vu plus de 60 épisodes (ou subi, c’est selon), on commence à connaître une ou deux choses à la façon dont la série fonctionne, et tout particulièrement sur la façon dont les flash-backs fonctionnent.

La première c’est que, passé le premier épisode consacré à un certain personnage, ils ne font que rabâcher sans cesse, encore et encore, et pour toujours, exactement la même chose. On nous change les personnages secondaires de temps en temps, le décor ou les perruques, mais globalement on n’a pas appris quoi que ce soit sur Sayid, Sawyer ou Charlie depuis leur premier épisode.

La deuxième chose qu’on commence à comprendre, c’est que les flash-backs qui se déroulent sur Lildelost sont toujours réussis. Parce qu’ils racontent quelque chose de pertinent vis-à-vis de l’intrigue générale de la série. Parce qu’on ne quitte pas sans arrêt une histoire qui peine à avancer pour rejoindre un truc qui avance encore moins. Même si on n’y apprend pas toujours grand-chose, le flash-back sur Lildelost permet de la découvrir sous un angle différent, ce qui est toujours bon à prendre.

La troisième chose à retenir, c’est que les flash-backs qui s’étendent sur de longues durées dans le temps sont toujours meilleurs. Il ne s’agit pas de raconter une anecdote inintéressante située dans le passé d’un personnage, une anecdote pleine de pauses et de remplissage qu’on aurait pu résumer en une phrase. Ce sont les flash-backs qui prennent des moments clés de la vie des personnages qui fonctionnent le mieux et n’ennuient personne.
Bizarrement, c’est de cette façon que David Fury avait écrit les épisodes de Locke, Michael et Hurley en saison 1, tous les trois réussis. Et c’est pour cette raison que le final de la deuxième saison, centré sur Desmond, était excellent (même s’il profitait également, c’est vrai, du fait qu’il se passait à moitié sur l’île).
Après, les scénaristes sont libres. Ils peuvent avoir très envie de raconter, en moult détails, comment Jack a failli tromper sa femme avec la fille d’un patient, ou comment Jack cherchait à savoir qui était l’amant de sa femme, ou comment Jack a rencontré sa femme, ou le mariage de Jack, ou comment son père (un vilain alcoolique) est mort à Sydney, ou comment il a dénoncé son père (ce vilain alcoolique !) auprès de ses collègues, ou comment, et c’est vraiment mon préféré, il a obtenu ses Tatouages Magiques. Ils peuvent raconter ce qu’ils veulent, la fois où Kate a braqué une banque pour un avion en plastique, ou encore lorsque Sayid jouait les agents doubles chez ses amis terroristes, ils sont libres !

Tout ça pour dire que si ce flash-back n’est pas le premier de Juliet, il rentre quand même dans les deux autres catégories, et pour ces raisons il représente une vraie réussite.
Il nous apprend également une chose très importante : Juliet est très stupide.

Tout de suite, des exemples.
Parce qu’accuser les gens sans preuve, c’est très mal.

Quand un type louche avec du mascara et le cousin très flippant de Tom Cruise demandent à Juliet de boire son sédatif parce qu’ils veulent l’emmener dans un endroit très mystérieux, Juliet refuse. Trente secondes plus tard, quand le mec au mascara lui explique qu’elle est formidable, qu’elle a un don, et rajoute une dose de psychologie inversée, Juliet boit son jus d’orange cul sec.
Juliet ? Stupide !

Six mois ont passé sur Lildelost, et Juliet désire rentrer chez elle. Comme promis. C’est le moment que choisit Ben pour lui dire que sa sœur est mourante, et que si elle reste avec ses amis Les Autres un peu plus longtemps, disons, jusqu’à La Fin des Temps (©Dieu), il demandera à « Jacob » de guérir son cancer. Sans aucune preuve concrète de la maladie de sa sœur, sans aucune nouvelle de sa sœur tout court, et a priori sans savoir si « Jacob » existe ailleurs que dans l’esprit dérangé de Ben, elle accepte de rester.
Juliet ? Stupide !

Trois ans ont passé sur Lildelost, Juliet attend toujours bien sagement de pouvoir rentrer chez elle, persuadée que cette fois, quand même, maintenant qu’elle a couché avec tous Les Autres, ils vont bien finir par la laisser partir. Comme par hasard, elle apprend que Ben a un cancer. Alors que son boss, « Jacob », est censé pouvoir guérir le cancer. Hmm, là, quand même, Juliet n’est pas dupe, c’est louche toute cette histoire. C’est sans compter sur le taquin Ben qui lui montre une vidéo de sa sœur, toute guérie de son cancer (qu’elle n’a sans doute jamais eu), ce qui rassure énormément notre pauvre Juliet.
Juliet ? Stupide !

Alors après tout ça, quand je vous dis que Juliet est une assez bonne manipulatrice pour que Docteur Ducon lui fasse confiance, c’est pour en arriver à quelle conclusion, à votre avis ?
Docteur Ducon ? Encore plus stupide !

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Dr Ducon sur la Plage : le règne des Blaireaux

Sûr de lui, arrogant, prétentieux et insupportable d’égocentrisme, des qualités qu’on peut facilement attribuer à notre cher Docteur Ducon. Mais ce n’est pas ce qu’il y a de plus grave, sur Lildelost. Non, le vrai pire, c’est que les Cons de la Plage, comme je les appelle affectueusement, lui obéissent sans broncher.

Prenons l’exemple de Sayid. Notre ami irakien obtenteur du double diplôme ingénieur/tortionnaire de l’Université George Bush de Bagdad veut mettre ses talents au service de la société, et soutirer à Juliet quelques informations. Des choses simples, genre son nom, d’où elle vient, pourquoi Les Autres sont si méchants, vous voyez. Mais voilà, alors qu’il commence à l’interroger (une méthode de psychopathe : regard froid et paroles lentes, de quoi craquer en quelques minutes), Sayid est interrompu par le Docteur Ducon. Et il ne rigole pas, le bon Docteur, Juliet est sous sa protection.

Et là, pendant que j’étais occupé à me marrer, rien. Pas un mot, Sayid obéis, il la ferme. J’arrête de rigoler.
Quelle autorité, ce Docteur ! Et ça continue plus tard avec Charlie : une ou deux réponses sèches et le Hobbit s’écrase, impuissant devant le charisme, l’intelligence et les autres qualités vraiment indéfinissables qui font de Jack le leader des Cons de la Plage. Pour faire simple, les flash-backs de Juliet démontrent de façon implacable qu’elle est à la fois crédule et très stupide. La suite nous apprend qu’elle est plus intelligente que Jack. Jack qui, à son tour, montre son ascendant sur tous les autres rescapés.
Ce qui fait de Juliet la personne la plus intelligente de toute la plage.

Après le chien.

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And they have a plan

Voilà, j’ai bien tapé sur tous les personnages, je me suis bien défoulé, mais ce n’est pas une raison pour oublier que One of Us est l’un des meilleurs épisodes de la saison. Avec les autres scripts signés Drew Goddard.

Comme je l’ai écrit à la fin de ma review précédente, reste à déterminer si ses épisodes sont les meilleurs parce qu’il les écrit et qu’il est très doué, ou si Damon Lindelof et Carlton Cuse sont suffisamment intelligent pour lui offrir, à chaque fois, les points clefs dans l’avancée de la saison : le voyage dans le temps de Desmond, la révélation sur Locke et son père, et maintenant le passé de Juliet.
Le passé intéressant de Juliet, pas l’histoire de son ex qui se fait renverser par un bus.

Ma réponse est simple, je pense que ses épisodes sont les plus réussis parce qu’on lui refile systématiquement les meilleures intrigues. Et si on lui refile ces histoires, c’est justement parce qu’il est très doué. Avec lui, les dialogues sonnent justes, les retours sur les épisodes précédents sont incessants et rendent le monde de Lost aussi réel qu’il peut l’être, et les épisodes sont tout simplement mieux construits.
C’est beaucoup, et c’est encore plus agréable quand les révélations et éclaircissements pleuvent, comme c’est le cas cette semaine.

Entre ce que les flash-backs nous révèlent, qui est donc vrai, et ce que Juliet raconte, il faut faire le tri, mais les réponses sont bien là. Les expériences de Les Autres sur les enfants, les femmes enceintes, et Claire en particulier prennent du sens : aucune naissance n’est possible sur Lildelost. On ignore encore si c’est le cas depuis toujours, et si oui comment expliquer la fille de Rousseau, on ignore encore beaucoup de choses, mais c’est un pas en avant. Lildelost répare le dos de Locke, guérit la stérilité, se rit du cancer, mais n’aime pas trop les bébés.
Elle non plus.

On en apprend également plus sur l’enlèvement de Claire par le cousin de Tom Cruise. On essaye de nous faire croire qu’il a tout improvisé tout seul, ce drôle de scientologue. Genre quand il a tué Scott/Steve. Ou menacé de tuer une personne par jour tant qu’il n’aurait pas Claire. Ou pendu Charlie à un arbre. Même si pour ce dernier point, on ne peut pas trop lui en vouloir.
C’est un peu facile d’un point de vu narratif de nous dire ça ; maintenant que les scénaristes veulent qu’on trouve Les Autres sympatoches, mais dans le lot c’est la seule explication bancale, et on s’en contentera. En mettant toutes les incohérences sur le dos des scientologues.

Quoi d’autre, quoi d’autre... oui. Les Autres ont mis un implant dans Claire qui peut la tuer sur commande. C’est plus gentil qu’une bombe dans le cerveau prête à exploser à tout moment, mais c’est loin d’être très sympa quand même.

Voilà, je ne sais plus trop où je voulais en venir, et j’ai un peu l’impression qu’il manque une conclusion à ma critique... Un truc générique fera bien l’affaire : Un très bon épisode, bien rythmé, bien foutu. Vivement le retour de Drew !

Ju
P.S. La semaine prochaine, je vous expliquerai pourquoi je n’ai jamais lu un comic book de Brian K. Vaughan.
Et on parlera un peu de son épisode de Lost.