Cependant, il n’y aucune raison de penser que la qualité des premiers épisodes se maintienne sur le long terme. Si Desperate Housewives avait été annulée après quelques épisodes, la bonne image acquise uniquement sur le potentiel de la série dépasserait largement la déception des sept saisons et demie qui ont suivi. Et si ABC avait eu la bonne idée d’annuler Pushing Daisies au lieu de la renouveler, je n’aurais peut être pas revendu mon intégrale de la saison 1, ruinée rétroactivement par les épisodes de la seconde saison.
L’une des séries dont l’annulation précoce a le plus marqué les mémoires est My So Called Life. Les 19 épisodes s’achèvent sur un très beau cliffhanger qui n’a jamais connu de résolution. Lors de la sortie de l’édition DVD des 10 ans de la série, Winnie Holtzman, la créatrice de la série, a expliqué les pistes qu’elle aurait sûrement explorées si la série avait été renouvelée. Et au final, 19 épisodes, c’était très bien.
Pour elle, Sharon serait sûrement tombée enceinte. Pire que la dépression de Patty , cette intrigue m’aurait déçu de la part de la série. Pour ceux qui n’ont jamais vu My So Called Life, Sharon est une amie d’Angela qui découvre sa sexualité avec petit ami Kyle. C’est un sujet sérieux, traité de façon intelligente, mais que je n’aurais pas aimé voir se finir par une grossesse non voulue. Holtzman était assez talentueuse pour aborder le sujet de façon pertinente, mais trop souvent, les grossesses d’adolescentes sont traitées comme la punition d’avoir coucher avant le mariage.
Surtout qu’à l’époque, l’avortement n’était que très peu abordé dans les séries pour un personnage principal. Julia Salinger dans La Vie A Cinq a eu une fausse couche qui permet aux scénaristes d’aborder le sujet sans gérer les conséquences d’un bébé dans la série. Pour un thème récurrent de teen shows, il semble être toujours abordé de la même façon. Une jeune fille sérieuse tombe enceinte pour montrer que coucher avant le mariage est dangereux et que ça peut arriver à tout le monde. Et même géré de façon plus honnête, l’intrigue est quasiment toujours gérée via un personnage féminin.
Du coup, c’était plutôt anxieux que j’abordais un épisode qui allait traiter d’un sujet casse-gueule. Et à ma grande surprise, j’ai vraiment apprécié cet épisode. Amy, la copine de Drew, tombe enceinte mais toute cette intrigue nous est montrée du point de vue de Drew. Drew est un jeune homme peu loquace, éperdument amoureux d’une jeune femme qui ne partage pas ses sentiments. Il apparaît comme tiraillé entre respecter la décision d’Amy et son envie de garder l’enfant.
Peter Krause, réalisateur de l’épisode, avait dit énormément de bien sur la prestation de Miles Heizer dans cet épisode. Et je rejoins son avis. Drew est le personnage le moins bavard de la série et est extrêmement introverti comparé à sa mère, sa sœur ou ses oncles. Avec très peu de texte, il véhicule tout son confit interne lié à son impuissance face au choix de sa compagne, sa culpabilité et la tristesse de sa rupture. On parle souvent du talent de la distribution des adultes de la série, mais cet épisode rappelle que l’une des forces de Parenthood est d’avoir des jeunes acteurs très doués. Mae Whitman, Sarah Ramos et maintenant Miles Heizer nous ont donné de très beaux moments cette année.
Le seul reproche que l’on peut faire à cette intrigue est la manière bancale dont Mark est ramené sur le devant de la scène. Même si Jason Ritter est très sympathique, voir le triangle amoureux qui refuse de mourir revenir à seulement deux épisodes de la fin de saison me chagrine un peu. En effet, avec le cancer de Kristina et l’excellente tournure que prend l’intrigue de Joel et Julia, je n’ai plus trop envie de perdre du temps avec une histoire qui a déjà eu une résolution il y a quelques épisodes.