DOCTOR WHO — 3x10 : Blink (Les anges pleureurs)
Retour sur un chef d’oeuvre projeté aujourd’hui à la Comic Con Paris
Par Emilie Flament • 30 juin 2011
L’hommage à Steven Moffat de la Comic Con nous donne l’occasion de revenir sur un chef d’œuvre de la série : l’inoubliable « Blink ».

« Blink » est un petit bijou, une perle rare. On s’attarde souvent sur les épisodes dits mythologiques qui, par leurs révélations, passionnent les adeptes de ‘‘feuilletonnant’’ que nous sommes, mais, parmi les épisodes stand-alone, on trouve parfois des petits chefs d’œuvre qui, comme ici, sont si particuliers dans leur fond, leur forme ou leur traitement qu’ils sont inoubliables.

La scène d’ouverture donne le ton : une jeune femme, seule, escalade la grille d’une demeure délabrée au milieu de la nuit ; alors qu’elle prend des photos des lieux, elle découvre sous le papier peint un message qui lui est adressé.

L’épisode est un puzzle dont Sally Sparrow, brillamment interprétée par Carey Mulligan, est le centre. Quelques mots (‘‘wheeping angels’’, ‘‘don’t blink’’, ‘‘the doctor’’), une clef, une lettre de sa meilleur amie écrite avant même sa naissance, des disparitions inexplicables, une homme au discours incohérent qui apparaît sur des DVD, une ‘’blue box’’ à la fourrière... et des anges de pierre qui se cachent le visage. Dès le départ, ces étranges statues inquiètent et intriguent. Nous ne le savions pas encore mais nous venions de découvrir l’une des créatures les plus terrifiantes de « Doctor Who » : les anges pleureurs.

Le Docteur est quasiment absent de l’épisode. Coincé en 1969, il a seulement mis en place les pièces du puzzle... même si, au final, c’est Sally elle-même qui est à l’origine de tout !

L’écriture de Steven Moffat est absolument brillante. Durant la première moitié de l’épisode, nous sommes comme Sally dans l’incompréhension, seuls quelques effets de caméra soulignent l’importance des anges et des clignements d’yeux.
Alors que nous sommes habitués à l’effervescence du Docteur qui souligne pour nous les points essentiels, « Blink » nous laisse dans le flou et dans le silence.

Seule la seconde moitié de l’épisode nous apporte des réponses. La menace des anges y est éliminée de façon relativement rapide : entre le moment où Sally comprend quelle est la menace et le moment où les anges sont mis hors jeu, il ne s’écoule que 5 minutes. Même si les anges vont devenir des monstres immanquables, ce qui intéresse Steven Moffat c’est le mode de narration et l’aspect ‘‘puzzle’’.

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Même s’il s’agit d’un épisode stand-alone, on y retrouve ce qui semble être le leitmotiv de Steven Moffat : les chronologies croisées. Il adore jouer avec les timelines. Il ne se contente pas de déstructurer la façon de raconter une histoire, il désorganise la vie de ses personnages. A posteriori, « Blink » n’était qu’un début : alors que par la suite River Song et le Docteur auront une ‘‘vie’’ en sens inverse l’un de l’autre, Sally et le Docteur sont juste décalés dans le temps et forment une boucle. L’apothéose de cette boucle est la conversation entre Sally et le Docteur par l’intermédiaire des messages sur les DVD et de la transcription ‘‘live’’ de la conversation par Larry.

Steven Moffat signe ici un des meilleurs épisodes de « Doctor Who » (dans notre Top 10 des meilleurs épisodes de l’ère Russell T Davies, c’est même LE meilleur). Intelligent, poétique et terrifiant à la fois, « Blink » est incontestablement culte ... et pourtant le Docteur n’y est quasiment pas présent.

Dernière mise à jour
le 10 avril 2012 à 00h13